Sortez du complexe de l’imposteur pour vous accomplir en tant que manager !

Autrement appelé le syndrôme de l’autodidacte, le complexe de l’imposteur identifié dans les années 70 par les psychologues Pauline Rose Clance (« Le complexe de l’imposture » chez Flammarion) et Suzanne Imes, est l’incapacité d’une personne à reconnaître son propre accomplissement, à s’attribuer ses réussites. Environ 60 à 70 % des personnes adultes en souffriraient à un moment de leur vie professionnelle. C’est dire à quel point, il peut tous nous concerner. En tant que manager, ce syndrôme est non seulement fréquent mais il paralyse aussi fortement la réalisation de vos objectifs, et entrave votre ascension. Une question résonne alors comme un leitmotiv : comment en sortir ?
 

Complexe de l’imposteur : Un jeu de dupes aux causes multiples

« Ils m’ont nommé à ce poste car ils n’avaient pas d’autres candidats », « j’ai vraiment eu du bol à cet examen », « ils vont vite se rendre compte que je ne fais pas l’affaire »… sont autant de petites phrases révélatrices du syndrôme de l’imposture. Ceux qui en souffrent vivent dans la terreur d’être démasqués et sont dans l’incapacité de s’approprier leurs propres succès qu’ils attribuent systématiquement à des facteurs extérieurs : la chance, le hasard, le malentendu. Comme l’affirme Christophe André, psychologue :

« on projette sur les autres, sans en avoir conscience, le regard négatif que l’on pose sur soi ».

Vous l’aurez compris, ce syndrôme « complexe de l’imposteur » est révélateur d’un manque d’estime de soi notoire.
On peut en trouver deux sortes. Vous venez d’avoir une promotion, les enjeux sont importants, il faut vous réinventer, aller au-delà de vous-même et vous avez peur de ne pas y arriver. Vous êtes submergé par les doutes de ne pas être à la hauteur, d’avoir eu ce poste par chance ou par erreur. Dans ce cas, cela peut être ponctuel lié à une conjoncture.
Mais, il y a aussi, le syndrôme de l’imposture chronique. Quoi que vous entrepreniez dans votre vie, vous êtes systématiquement assailli par des doutes, vous êtes en permanence terrifié à l’idée que l’on vous démasque en tant qu’usurpateur de votre statut, responsabilité ou réussite. Vous ne pouvez plus agir et toute votre énergie est focalisée sur vos angoisses.
 
Cet état de fait, qu’il soit chronique ou conjoncturel, est souvent démultiplié par différentes causes. Bien sûr, il y a l’effet élastique. Votre éducation a été dure, vous avez souvent été critiqué, dévalorisé, ou bien encore vous avez essuyé dans votre histoire un gros échec.  Votre passé s’invite dans votre nouvelle vie et vous empêche d’apprécier pleinement vos succès. Il y a aussi l’effet isolement/exception. Vous êtes femme et vous devez gérer une équipe exclusivement masculine, vous êtes autodidacte et entouré par des personnes issues des plus grandes écoles, ou bien encore vous êtes le petit jeune qui va devoir gérer une équipe de personnes plus âgées ou plus expérimentées. Enfin, cela peut aussi être accentué par une ascension rapide. Vous avez brûlé les étapes et vous n’avez pas eu le temps de maturer psychologiquement pour mieux vivre cette réussite.
 

Complexe de l’imposteur : Les dysfonctionnements les plus courants

Les réflexes les plus courants face à ce syndrôme (« complexe de l’imposteur ») sont soit de trop en faire (le « overdoing ») car vous avez l’impression ainsi de compenser vos incompétences soit en faire le moins possible car cela vous permet de mettre vos échecs sur le compte du « je n’ai pas assez travaillé donc c’est normal ». Comme vous le comprendrez, ces deux modes de fonctionnement sont extrêmement parasites et peuvent vous pousser au burn out, ou à l’échec professionnel. D’autres petits problèmes peuvent aussi se poser comme, par exemple, le fait d’accepter difficilement les délégations, les responsabilités ou tout simplement les compliments. Vous pouvez aussi être enclin à procrastiner et à avoir du mal à prendre des décisions importantes. Vous pouvez enfin avoir tendance à prendre la fuite ou devenir agressif avec vos supérieurs ou collaborateurs.
 

Complexe de l’imposteur: Comment y remédier ? Accepter, positiver, et développer votre efficacité

C’est un état très douloureux et votre désir le plus important est de sortir de cette spirale infernale. Bonne nouvelle : c’est possible !

  • Accepter le fait de ne pas être parfait

Tout d’abord, nous vous conseillons d’accepter le fait de ne pas être parfait, d’être novice dans certains domaines, d’avoir encore à apprendre. Donnez-vous cette permission. Soyez bienveillant avec vous même. Vous venez de prendre de nouvelles responsabilités, vous allez évoluer avec votre fonction, vous n’êtes pas censé être parfait sur tout. Identifiez vos limites objectives et acceptez-les, lâchez prise.

  • Donnez un nom à ce petit scénario qui se joue dans votre tête

Pour cela, utilisez quelques techniques de diffusion pour mieux prendre de la distance par rapport à ces idées qui vous submergent. « Je ne suis pas à la hauteur, je ne vais pas y arriver, ils vont réaliser qu’ils ont fait une erreur en me nommant,… ». Donnez un nom à ce petit scénario qui se joue dans votre tête et accueillez-le quand il arrive. Dites-vous à ce moment là : « Ah voici, mon petit film personnel de je suis nul ! ».  Projetez-le sur un mur imaginaire en face de vous. Une autre possibilité est de chanter cette idée à voix haute ou imiter une voix qui vous amuse. Cela peut vous sembler étrange mais ces petites techniques vont vous aider à accepter l’idée tout en la remettant à sa place. Elle va ainsi perdre naturellement de sa puissance.

  • Identifier vos talents, vos points forts

Ensuite, nous vous conseillons d’aller vers le positif. Pour cela deux techniques. La première est d’identifier vos talents, vos points forts. Vous pouvez vous appuyer sur la liste des talents mises en place par Gallup que vous pourrez retrouver aussi dans le livre de Marcus Buckingham et Donald Clifton « Découvrez vos points forts ». Demandez autour de vous ce que les autres voient de positif chez vous. Pour la deuxième, mettez en place un petit carnet des fiertés. Dans un petit calepin, consignez chaque soir les trois actions dont vous êtes fier sur la journée. Cela peut être des toutes petites choses. Peu importe.

  • Développez votre auto-efficacité

Pour continuer sur cette lancée, développez votre auto-efficacité. Fixez-vous des objectifs pas trop ambitieux mais suffisamment intéressants pour que vous les réalisiez. Ensuite, mettez en place un plan d’action pour les atteindre. Si cela se fait à petits pas, ce n’est pas grave. L’important est de pouvoir mesurer les résultats de votre travail, de vos efforts. Ils seront vos premiers succès.

  • Cherchez l’aide d’un tiers

Enfin, si toutes ces techniques sont difficiles à mettre en place pour vous, cherchez l’aide d’un tiers. Choisissez bien en fonction de votre besoin. Est-ce un collègue ou un mentor au sein de votre organisation ? Si c’est le cas, faites simplement attention à ce que la personne soit digne de confiance et que cela ne vous soit pas préjudiciable. Est-ce une aide extérieure ? Faites la part des choses entre l’aide d’un thérapeute si vous avez besoin de régler le problème en amont lié à des sentiments élastiques ou est-ce un coach qui va axer son travail sur le présent et l’avenir et vous accompagner dans le changement. N’ayez crainte de chercher de l’aide. Cela vous aidera à avancer et vous en sortirez d’autant plus fort.