Au Secours ! Et si mon manager était toxique ?

Beaucoup de facteurs contribuent au mal être ambiant en organisations. Diminution du temps de travail pour la même charge, urgence imposée par des technologies omniprésentes, précarité et agilité imposées et bien sûr le management dysfonctionnel voire toxique. Et oui, manque de reconnaissance,  absence de directives ou à l’inverse autocratie, brimades et frustrations quotidiennes sont à l’origine de la souffrance au travail. Sansaller jusqu’au harcèlement, mot un peu galvaudé ces dernières années, le manager toxique peut à sa mesure générer des dégâts sur votre efficacité, votre estime professionnelle, votre bien être au travail et bien sûr votre réussite. Mais, quand ce manager n’est pas ostensiblement brutal ou pervers narcissique, comment le repérer ? Voici trois grands types de managers dysfonctionnants que l’on peut rencontrer en organisations et l’impact qu’ils peuvent avoir sur vous. Cette typologie repose sur le triangle dramatique de S. Karpman.

Le bourreau est sans conteste dominant. Il est souvent parent pesécuteur et ne manque pas une occasion de vous critiquer, de remettre en question votre travail. Attention, il peut aussi être plus subtil et vous faire douter par des questionnements piégés et des non validations de votre travail. Le bourreau aime à montrer sa supériorité en toutes circonstances et vous fait perdre la face en général devant le groupe. Il peut aussi être un éternel insatisfait, non communicatif, peu transparent. Il travaille énormément et a du mal à concevoir que tout le monde ne soit pas au même niveau d’engagement. Il fait payer très cher cette différence. Il est à la recherche d’un sosie professionnel et peut aussi se montrer très exigeant en termes de quantité et qualité de travail. Enfin, il peut être changeant au niveau de ses humeurs, ce qui ne manquera pas de vous destabiliser ou de vous terrifier. Le bourreau est assez charismatique en général et inspire crainte et soumission par ses remarques cassantes ou cyniques.  Il a véritablement l’art d’affaiblir votre efficacité et votre estime professionnelle. Vous perdez votre autonomie, votre créativité et votre libre arbitre. C’est progressif.  Le bourreau n’hésite pas à proclamer haut et fort qu’il n’est entouré que de « bras cassés ».  Son complexe de supériorité le laisse à penser que seul lui sait faire et peut faire correctement.

La victime est largement plus difficile à démasquer que le bourreau.  Il est souvent sympathique et trèsliant avec ses équipes. Il n’est pas rare que son management soit affectif basé sur la proximité. Il peut avoir plusieurs modes de fonctionnement. Il se met dans des situations difficiles de façon inconsciente. Il travaille beaucoup, est surchargé, se plaint et a toujours l’impression qu’il est seul contre tous. Il peut aussi être à l’inverse dans l’impuissance la plus totale et dans le laisser-faire. Il rejette facilement la faute sur vous ou sur les autres. Quoi qu’il en soit ce rôle de victime lui confère toute impunité et lui permet très souvent de ne pas répondre de ses actes. Il n’est pas rare qu’il vous entraîne dans sa spirale de victimisation. Soit vous le suivez et vous portez avec lui le poids des conflits et confrontations avec la hierarchie, les autres services ou tout autre interlocuteur de l’organisation. Soit vous ne vous laissez pas embarquer dans ce jeu et vous rejoignez le rang des bourreaux et des persécuteurs à son encontre.En effet, vous pouvez être sollicité dans le rôle de confident, ami, soutien, protecteur voire sauveur ou alors vous rejoignez le groupe de ceux qui alourdissent sa tâche. Il n’est pas rare que ce type de manager génère chez son équipe une relation affective, une convivialité très importante où la loyauté vis-à-vis de lui est centrale voire prédominante. Cela peut paralyser parfois votre progression professionnelle, vous faire prendre un rôle qui n’est pas le vôtre et inhiber votre autonomie et indépendance comme votre envie d’évoluer en dehors de son territoire.

Enfin, le sauveur est aidant et présent. Il est convaincu qu’il peut sauver le monde dont vous faites partie bien évidemment.  Il aime être à l’écoute de son équipe et essaie même de devancer les moindres besoinsde chacun. Son plaisir : défendre les plus faibles ou les causes perdues. Bien évidemment, ce côté maternant peut être très infantilisant. Votre pré-carré de responsabilité est souvent réduit à peau de chagrin. Le sauveur, vous l’aurez compris, bascule très souvent dans le micro-management : il contrôle, supervise et se substitue le plus souvent. Il crée aussi facilement une dette morale qui vous retient. Il génère une dépendance dont il est très difficile de se libérer. A l’inverse si vous lui faites comprendre que vous n’avez pas besoin de son aide, de ses conseils alors il pourra très facilement opter pour le rôle de bourreau ou de victime. Vous pourriez être marginalisé voire persécuté. Le sauveur a vraiment besoin de cette relation asymétrique pour se sentir bien dans son management. L’effet est immédiat, vous perdez en responsabilisation, vous doutez et, selon votre nature,  vous perdez votre esprit d’initiative voire votre envie de faire et votre proactivité. Il est tout autant toxique que les deux précédents, voire même parfois plus, car il est très difficile de repousser l’aide étouffante d’un supérieur qui se veut bienveillant.

Alors quelles solutions s’offrent à vous pour sortir de cette emprise toxique ?

Tout d’abord, la première action est de décrypter et détecter ce comportement défaillant. A vous de prendre conscience, d’identifier les traits de caractère de votre supérieur. C’est un véritable premier pas vers la prise de distance. A partir du moment où vous prenez conscience de ce parasitage, vous aurez plus de facilité à vous en protéger. Vous accepterez aussi le fait que vous n’êtes pas responsable de certaines difficultés relationnelles avec ce supérieur. Cependant, il faut être réaliste, sans victime pas de bourreau ou sans bourreau point de victime. En bref, ce triangle infernal est possible à partir du moment où vous vous faites entraîner dans ce cercle vicieux.

Ensuite, évaluez rapidement ce que vous avez à gagner ou à perdre dans cette relation. Vous pouvez décider de rester dans cette situation si les avantages pour vous sont supérieurs au coût de sortie de cette relation. Si vous décidez d’y rester, votre lucidité sur la relation vous aidera naturellement à faire la part des choses comme, par exemple, ne pas prendre les remarques ou attitudes trop personnellement.

Si par contre, vous souhaitez en sortir, commencez par prendre le contrepied de ce que ce manager attend de vous. L’idéal est d’opter pour une attitude neutre. Remplissez vos engagements, faites ce que l’on vous demande et exprimez clairement sans jugement ce que vous pouvez ressentir si la personne vous agresse, ou se victimise. Utilisez les faits, et une attitude constructive. N’hésitez pas à donner du feed back positif pour désamorcer les peurs, frustrations de l’autre qui provoquent cette toxicité. Cela facilitera votre capacité à exprimer votre ressenti et à être écouté.

Si cela ne suffit pas car le manager est trop toxique,  il vous reste à faire appel à un intervenant extérieur. Cela peut être quelqu’un de l’organisation comme un RH ou un leader clé dans l’organisation. Rien ne vous empêche aussi de faire appel à un acteur extérieur (psychologue d’organisation ou coach).Il vous aidera à mieux vous protéger, voire à repenser votre projet pour sortir professionnellement et personnellement de cette situation bloquée et voler vers d’autres horizons. Quoi qu’il en soit, vous l’aurez compris à travers tous ces conseils, gardez le contrôle de l’acceptation ou pas de la situation et de sa gestion quotidienne. Vous êtes en danger à partir du moment où vous êtes réactif, passif et inconscient de la situation.  Evitez de subir pour mieux réagir !